Daily Archives: 26 Δεκεμβρίου, 2008

Χάρολντ Πίντερ, ο πλήρης διανοούμενος

Ήταν ένας μεγάλος θεατρικός συγγραφέας, αλλά προπάντων ήταν ένας διανοούμενος που ζούσε μέσα στην κοινωνία και δεν έμενε κλεισμένος στον γυάλινο πύργο του. Γνώστης των προβλημάτων που αντιμετωπίζει η ανθρωπότητα, δεν δίστασε να τα βάλει με τους μεγάλους ηγέτες της εποχής μας, ακόμη και με τον πρωθυπουργό της χώρας του. Πάντοτε τάχθηκε με το μέρος των αδικημένων. Όταν χρειάστηκε, βγήκε στους δρόμους, διαδηλώνοντας την πίστη του στον άνθρωπο και στο μέγα αγαθό της ελευθερίας.

Τα θεατρικά έργα του άνοιξαν δρόμους όχι μόνο στο βρετανικό και το ευρωπαϊκό αλλά και στο παγκόσμιο θέατρο. Η βράβευσή του με το Νόμπελ Λογοτεχνίας ήταν το επιστέγασμα της αναγνώρισης του τεράστιου έργου μιας ολόκληρης ζωής.

Το θέατρο του Πίντερ αγαπήθηκε από τους ανθρώπους του θεάτρου και όχι μόνο. Στη χώρας μας παίχτηκαν σχεδόν όλα τα έργα του και υπήρξαν περίοδοι που παίζονταν ταυτοχρόνως και δυο και τρία έργα του. Είχ επισκεφθεί την Αθήνα και τη Θεσσαλονίκη και μάλιστα είχε τιμηθεί από το Πανεπιστήμιο. Τον θεωρούσαμε δικό μας άνθρωπο.

  • Στο μπλογκ προσπάθησα να συγκεντρώσω τα δημοσιεύματα των ελληνικών και ξένων εφημερίδων, με την ελπίδα ότι θα διευκολυνθούν όσοι έχουν ενδιαφέρον…

Harold Pinter, le dramaturge engagé

L'écrivain et dramaturge britannique, Harold Pinter, est mort à Londres mercredi 24 décembre 2008.

Reuters

L’écrivain et dramaturge britannique, Harold Pinter, est mort à Londres mercredi 24 décembre 2008.

LE MONDE | 26.12.08 | 10h52  •  Mis à jour le 26.12.08 | 11h37

La mort d’Harold Pinter n’est pas une surprise. C’est un choc. On savait le Prix Nobel de littérature 2005 atteint d’un cancer de l’œsophage, depuis qu’il avait fait état de sa maladie, en 2002. Mais à l’annonce de sa disparition, à 78 ans, le 24 décembre, à Londres, un grand silence s’installe : une conscience s’est éteinte, celle d’un homme engagé sur le front de la littérature, du théâtre en premier, mais aussi sur celui de la marche du monde, dont il a dénoncé les dérives des dernières décennies avec une fermeté sans appel.

Sir Harold Pinter – puisqu’il avait été anobli par la reine Elizabeth II – venait souvent à Paris. Malgré la souffrance qui marquait son beau visage de gladiateur, il n’avait, selon ses amis, rien perdu de son élégance, de son humour et de sa galanterie. «Il avait un côté grand seigneur, aristocrate au sens premier : parmi les meilleurs.» Cette classe si souvent décrite, s’accompagnait aussi «de gestes et comportements de voyou, parfois, qui faisaient de lui un curieux mélange», selon le metteur en scène Claude Régy, qui l’a connu dans les années 1960, quand il a créé à Paris quatre de ses pièces, La Collection et L’Amant (1965), Le Retour (1966) et L’Anniversaire (1967), qui ont définitivement introduit Pinter en France, après Le Gardien, en 1961, présenté dans une mise en scène de Jean Martin.

Les années 1960, ce sont celles du grand tournant pour Harold Pinter. Celles pendant lesquelles, après avoir été comédien, jouant Roméo ou Macbeth, sous le nom de Jack ou David Baron, il a commencé à écrire des pièces. Il était inutile de lui demander pourquoi il avait choisi le théâtre. Aussi inutile que de lui demander pourquoi il pratiquait avec tant d’assiduité le cricket. Il répondait toujours par une boutade. Un proverbe chinois dit : «Les hommes montent sur les montagnes parce les montagnes sont là.» L’auteur du Gardien faisait du théâtre parce que le théâtre est là.

Avec Bertolt Brecht et Samuel Beckett, Harold Pinter restera comme l’un des plus grands dramaturges du XXe siècle. On ne saurait dire aujourd’hui lesquelles, parmi ses vingt-neuf pièces, seront les plus jouées. Mais il n’y a aucun doute sur l’apport majeur de Pinter : il a introduit une perturbation dans la perception du langage, qu’il définissait lui-même ainsi : «Ce que nous entendons est une indication de ce que nous n’entendons pas.» C’est cela qui a saisi Claude Régy quand il a découvert ses pièces. «Je me souviens que Pinter était en bataille contre l’incommunicabilité, un mot très en vogue dans les années 1960. Il disait qu’on communique trop, même dans le silence, qui est agression de l’homme par l’homme. Dans l’utilisation qu’il a faite du langage, dans ses fameux silences , si on écoute, on entend le mensonge.» C’est donc un langage qui se révèle au moment où il est caché que Pinter a introduit sur les scènes. A ses débuts, il était engagé dans un mouvement de révolte contre le théâtre britannique englué dans une lecture bourgeoise et grandiloquente de Shakespeare, qui devait mener une bande d’auteurs, les «Angry Young Men«, à renouveler le répertoire. Ces «jeunes hommes en colère», qui s’appelaient Edward Bond, Arnold Wesker ou Joe Orton, étaient pour la plupart issus du milieu ouvrier.

Né le 10 octobre 1930 à Londres, où ses grands-parents juifs russes avaient émigré, Pinter était fils d’un tailleur du Hackney, quartier populaire de l’East End. Son enfance cockney a été trouée par la guerre. «J’ai été évacué trois fois alors que tombaient les bombes allemandes. Le sentiment d’être bombardé ne m’a jamais quitté», dira-t-il.

En 1949, quand il devra faire son service militaire, obligatoire, il invoquera l’objection de conscience et acquittera une amende pour éviter un procès et la prison, dont était passible le manquement aux obligations. Dans cet après-guerre, Pinter s’affrontera aussi à des militants fascistes.

Mais c’est beaucoup plus tard qu’il réaffirmera publiquement son engagement. Pendant presque vingt-cinq ans, qui correspondent à la première partie de son œuvre, Harold Pinter se tient à l’écart de la politique. Le soutien qu’il apporte aux sandinistes du Nicaragua, dans les années 1980, marque le début d’une prise de parole active et virulente qui le fera militer avec Amnesty International, défendre la cause des Kurdes, et vilipender violemment George Bush et Tony Blair au moment de la guerre en Irak – un thème qui a amplement nourri le discours qu’il a livré pour la remise de son prix Nobel.

C’est au mitan des années 1980 que son théâtre, lui aussi, s’engage délibérément, avec des pièces comme Un pour la route (sur la torture), présentée par la Comédie-Française au Festival d’Avignon en 1987, ou Ashes to Ashes (sur les camps de concentration), mise en scène par l’auteur lui-même au Théâtre du Rond-Point, à Paris, en 1998.

Mais, selon le critique britannique Michael Billington, qui lui a consacré une importante biographie (non traduite en français) en 1996, la dimension politique de l’œuvre de Pinter remonte beaucoup plus loin. Elle est présente dans les pièces des années 1960 et 1970 qui ont assuré sa renommée, comme No man’s land, mis en scène par Roger Planchon, en 1979, avec Guy Tréjan et Michel Bouquet – un des plus grands interprètes de Pinter – , ou avec Delphine Seyrig, Sami Frey et Jacques Dufilho, dont Pinter appréciait particulièrement le jeu inquiétant dans Le Gardien. Ce théâtre de parti pris n’a pas donné toute sa mesure, jusqu’ici, dans la réception de Pinter en France. A ses débuts, il a souffert du contexte du brechtisme lourd, face auquel il est apparu comme une respiration salutaire. On a alors rapproché Pinter de Beckett, qu’il admirait beaucoup, mais dont il se démarquait par l’affirmation d’un doute absolu.

Symbiose inégalée «On s’est trompé sur l’écriture de Pinter», dit Claude Régy. Quand il est devenu célèbre, il a été considéré comme un auteur psychologique, presque boulevardier, alors qu’il est d’abord subversif.» C’est cette subversion qui rend «politiques» les relations entre les personnages, toujours présentés, même dans les situations les plus banales, dans une inquiétante prise de pouvoir de l’homme sur l’homme.

Son engagement transparaît aussi dans son œuvre cinématographique. Passionné de cinéma, Pinter a fait quelques apparitions à l’écran comme acteur. Mais c’est en tant que scénariste que sa contribution au septième art fut la plus notable, et d’une qualité rarement atteinte dans la compréhension, par un dramaturge, des mécanismes propres au cinéma.

Transfusant à l’écran son goût des méandres psychiques et narratifs, il a collaboré, à partir de 1964, à une quinzaine de films, aux côtés de réalisateurs aussi importants que William Friedkin (L’Anniversaire, 1968), Elia Kazan (Le Dernier Nabab, 1977), Karol Reisz (La Maîtresse du lieutenant français, 1981) ou Jerry Schatzberg (L’Ami retrouvé). Mais c’est avec Joseph Losey qu’il parvient à trouver une symbiose inégalée, en signant les scénarios de trois films magnifiques The Servant (1964), Accident (1967) et Le Messager (1971), qui obtint la Palme d’or à Cannes. A l’initiative de Losey, Pinter est également l’auteur d’une adaptation cinématographique d’A la recherche du temps perdu de Marcel Proust, écrite en 1972, qui figure parmi les scénarios mythiques de l’histoire du cinéma. Le film, qui devait durer trois heures et demi, ne fut jamais réalisé.

Aujourd’hui, de jeunes metteurs en scène, tout juste nés au moment de la création des premières pièces, s’intéressent à sir Harold, dont la mort annonce une nouvelle vie pour Pinter.

Brigitte Salino (avec Jacques Mandelbaum)

Bibliographie

L’essentiel de l’œuvre d’Harold Pinter est publié chez Gallimard.
La Collection, suivi de L’Amant et du Gardien (1967).
C’était hier (1971).
No Man’s Land, suivi du Monte-Plat, Une petite douleur, Paysage et Dix sketches (1985).
L’Anniversaire (1985).
Le Retour (1985).
Trahisons, suivi de Hot House, Un pour la route et autres pièces (1987).
L’Ami retrouvé (scénario de film tiré du roman de Fred Uhlman (1989).
La Lune se couche, suivi d’Ashes to Ashes, Langue de la montagne, Une soirée entre amis et autres textes
Les Nains, seul roman de Pinter (2000).
Le Scénario Proust (2003).
Célébration. La Chambre (2003).
La Guerre, poèmes (2003).
Autres voix. Prose, poésie, politique (Noir sur Blanc-Buchet-Chastel, 2001)
Au cinéma, Pinter a notamment travaillé avec Joseph Losey pour The Servant (1963), Accident (1967) et Le Messager (1971). Il a adapté Le Dernier Nabab de Fitzgerald pour Elia Kazan (1976) et le roman de John Fowles, La Maîtresse du lieutenant français (1981).
(1998).

Chronologie

10 octobre 1930 : Naissance à Londres
1949 : Objecteur de conscience
1957 : La Chambre, L’Anniversaire et Le Monte-Plat, premières œuvres théâtrales
1960 : Le Gardien, premier succès mondial
2005 : Prix Nobel de littérature
24 décembre 2008 : Mort à Londres

L’écrivain Harold Pinter est mort

Portrait de l'écrivain et Prix Nobel de littérature 2005, Harold Pinter.

Portrait de l’écrivain et Prix Nobel de littérature 2005, Harold Pinter.

LEMONDE.FR | 25.12.08 | 15h23  •  Mis à jour le 25.12.08 | 19h49

CAMERA PRESS / ROBIN NOWAKI

Harold Pinter, écrivain et dramaturge britannique, Prix Nobel de littérature en 2005, est mort à l’âge de 78 ans, mercredi 24 décembre. L’auteur souffrait d’un cancer de l’œsophage depuis 2002. La nouvelle a été transmise au quotidien britannique The Guardian par Antonia Fraser, sa seconde épouse. «C’était un grand homme et ce fut un privilège de vivre avec lui pendant plus de trente-trois ans. Il restera à jamais dans nos mémoires», a-t-elle déclaré au journal sans donner plus de précisions.

Auteur d’une trentaine de pièces de théâtre, Pinter était également poète, metteur en scène et auteur de scénarios. Né le 10 octobre 1930 dans le quartier populaire londonien de Hackney, fils d’un tailleur juif, il se lance dans la production théâtrale en 1957, avec La Chambre. L’année où il l’écrit, Pinter donne également L’Anniversaire et Le Monte-Plats, dans un autre registre. Ces trois pièces en un an font de lui un dramaturge, par surprise, a-t-il souvent dit par la suite.

Le premier succès retentissant de Pinter est Le Gardien, en 1960. Suivent La Collection, L’Amant, Le Retour, C’était hier, No man’s land et Trahisons, qui lui apportent une renommée mondiale. En France, Roger Blin le fait découvrir, dès 1960, avec Le Gardien. Il collaborera à plusieurs reprises pour le cinéma, écrivant notamment les scénarios de La Maîtresse du lieutenant français et de L’Ami retrouvé. Le 13 octobre 2005, il reçoit le prix Nobel de littérature.

ANTI-ESTABLISHMENT ET ANTI-GUERRE

Artiste et intellectuel engagé, il était, dans les années 1980, un infatigable critique de l’action du président américain Ronald Reagan et de sa contemporaine britannique, l’ancienne première ministre Margaret Thatcher. Plus récemment, Pinter avait tourné sa colère contre l’engagement de l’ONU au Kosovo, l’invasion américaine de l’Afghanistan et la guerre en Irak (2003), comparant Tony Blair à «un idiot plein d’illusions» et qualifiant George Bush de «criminel de guerre».

«J’utilise beaucoup de mon énergie plus particulièrement pour changer la situation politique qui est, à mon avis, très inquiétante», avait-il expliqué alors. Il avait publié en 2003 War, un recueil de poèmes contre la guerre en Irak. Le 15 février de la même année, il s’était exprimé à la tribune de Hyde Park, à Londres, devant un million et demi d’opposants à la guerre. Se tenant soigneusement à l’écart de l'»establishment», Pinter avait refusé d’être anobli par la reine Elizabeth. Il avait toutefois accepté la Légion d’honneur française en 2007.

Souffrant d’un cancer de l’œsophage diagnostiqué en 2002, Harold Pinter avait subi des séances de chimiothérapie, un «cauchemar personnel». «J’ai traversé la vallée de l’ombre de la mort», dira-t-il de cette épreuve. Malgré la maladie, il continue de travailler. Son interprétation en 2006 à Londres du monologue de Beckett La Dernière Bande lui vaudra un ultime succès public. En 2007, il signe son dernier scénario de film : Le Limier, avec Jude Law et Michael Caine.

Pour le Guardian, «Samuel Beckett est son unique rival en terme d’influence théâtrale». Le quotidien souligne lui aussi le «don» de l’auteur pour l’amitié et rappelle ses influences : Dostoïevski, Kafka, Eliot, Lawrence, Woolf ou Hemingway. La BBC diffuse quant à elle un extrait de L’Anniversaire, l’une des pièces qui a assis la réputation de dramaturge et acteur de grand talent de Pinter. Toujours en images, le Guardian retrace la vie du maître à travers seize photos.

«Maître du réalisme», «le meilleur des dramaturges britanniques»… La presse en ligne britannique saluait, jeudi et en gros titres, la mort d’une icône. Le Times salue la «place unique» qu’occupait Pinter dans la littérature contemporaine «de ce pays mais aussi au-delà». Dans The Independent, son biographe et ami, Michael Billington, rappelle que le Prix Nobel était «un personnage hautement politique, un polémiste (…), ainsi que l’ami le plus loyal et le plus généreux des être humains». En bref, «un grand homme autant qu’un grand dramaturge». Le quotidien propose à ses internautes de réagir à la mort du maître : «Que représentait pour vous Pinter ?», affiche-t-il en «une».

Sur le même sujet

«Un écrivain doit parfois fracasser le miroir»

LE MONDE | 26.12.08 | 10h57  •  Mis à jour le 26.12.08 | 11h38

Pour des raisons de santé, Harold Pinter n’a pu se rendre, le 7 décembre 2005, à Stockholm, pour recevoir son prix Nobel de littérature. Son discours y a été lu. Pinter explique que son approche de la vérité est très différente selon qu’il s’exprime en tant qu’artiste ou en tant que citoyen.

La vérité au théâtre est à jamais insaisissable. (…) Sa quête a quelque chose de compulsif. (…) La réelle vérité, c’est qu’il n’y a jamais, en art dramatique, une et une seule vérité à découvrir. (…) Ces vérités se défient l’une l’autre, se dérobent l’une à l’autre, se reflètent, s’ignorent, se narguent, sont aveugles l’une à l’autre.

Dans la deuxième partie du discours, beaucoup plus longue, Pinter explique que le citoyen doit au contraire distinguer le vrai du faux.

Comme le sait ici tout un chacun, l’argument avancé pour justifier l’invasion de l’Irak était que Saddam Hussein détenait un arsenal extrêmement dangereux d’armes de destruction massive, dont certaines pouvaient être déchargées en 45 minutes, provoquant un effroyable carnage. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai. On nous disait que l’Irak entretenait des relations avec Al-Qaida et avait donc sa part de responsabilité dans l’atrocité du 11 septembre 2001 à New York. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai. On nous disait que l’Irak menaçait la sécurité du monde. On nous assurait que c’était vrai. Ce n’était pas vrai.

La vérité est totalement différente. La vérité est liée à la façon dont les Etats-Unis comprennent leur rôle dans le monde et la façon dont ils choisissent de l’incarner.

(…) Tout le monde sait ce qui s’est passé en Union soviétique et dans toute l’Europe de l’Est durant l’après-guerre : la brutalité systématique, les atrocités largement répandues, la répression impitoyable de toute pensée indépendante. Tout cela a été pleinement documenté et attesté. Mais je soutiens que les crimes commis par les Etats-Unis durant cette même période n’ont été que superficiellement rapportés, encore moins documentés, encore moins reconnus, encore moins identifiés à des crimes tout court. Je crois que la question doit être abordée et que la vérité a un rapport évident avec l’état actuel du monde.

(…) Nous avons apporté au peuple irakien la torture, les bombes à fragmentation, l’uranium appauvri, d’innombrables tueries commises au hasard, la misère, l’humiliation et la mort, et nous appelons cela apporter la liberté et la démocratie au Moyen-Orient.

(…) Combien de gens vous faut-il tuer avant d’avoir droit au titre de meurtrier de masse et de criminel de guerre? Cent mille? Plus qu’assez, serais-je tenté de croire. Il serait donc juste que Bush et Blair soient appelés à comparaître devant la Cour internationale de justice. Mais Bush a été malin. Il n’a pas ratifié la Cour internationale de justice (…). Tony Blair, lui, a ratifié la Cour et peut donc faire l’objet de poursuites. Nous pouvons communiquer son adresse à la Cour si ça l’intéresse. Il habite au 10, Downing Street, Londres.

(…) Quand nous nous regardons dans un miroir, nous pensons que l’image qui nous fait face est fidèle. Mais bougez d’un millimètre et l’image change. Nous sommes en fait en train de regarder une gamme infinie de reflets. Mais un écrivain doit parfois fracasser le miroir – car c’est de l’autre côté de ce miroir que la vérité nous fixe des yeux. Je crois que, malgré les énormes obstacles qui existent, être intellectuellement résolus, avec une détermination farouche, stoïque et inébranlable, à définir, en tant que citoyens, la réelle vérité de nos vies et de nos sociétés est une obligation cruciale qui nous incombe à tous. Elle est même impérative.

Morto il Nobel Harold Pinter. Un grande classico del Novecento

Addio Harold Pinter

Addio Harold Pinter

Scrittore e drammaturgo britannico aveva 78 anni. Era autore di oltre trenta testi teatrali
Era anche poeta, regista e autore di sceneggiature dei film tratti dalle sue opere

Morto il Nobel Harold Pinter Un grande classico del Novecento

Harold Pinter in una foto scattata nel 2005

LONDRA – Harold Pinter, lo scrittore e drammaturgo britannico premio Nobel della letteratura nel 2005, è morto all’età di 78 anni. Lo ha reso noto oggi sua moglie Antonia Fraser.Nella sua lunga carriera Pinter, che era da tempo malato, aveva scritto oltre trenta testi teatrali. Era anche poeta, regista, attore e autore di sceneggiature di film, in particolare quelli tratti dalle sue opere. Tre anni fa l’Accademia di Svezia aveva motivato il riconoscimento attribuito sottolineando che «nelle sue opere svela il baratro sotto le chiacchiere di ogni giorno e costringe a entrare nelle chiuse stanze dell’oppressione».

Harold Pinter era considerato già in vita un classico della drammaturgia del Novecento tanto da far coniare il termine «pinteriano» per chi, come lui, aveva saputo esprimere il disagio del Secolo. Nato ad Hackney, un sobborgo di Londra, il 10 ottobre 1930 aveva iniziato la sua carriera teatrale come attore, prima frequentando grandi scuole di recitazione, poi girando l’Irlanda con una compagnia shakespeariana con lo pseudonimo di David Barron.

La sua carriera di drammaturgo iniziò, quasi per caso, nel 1957, quando scrisse per un amico in quattro giorni un atto unico intitolato La stanza, in cui erano già evidenti i caratteri della sua futura produzione, a cominciare da quella reticenza a spiegare gli antefatti e dar ragione di quel che accade in scena così che una comune situazione si carica di minaccioso mistero.

Regista, oltre che attore e anche poeta, ha quindi guardato al palcoscenico da tutte le sue angolazioni, ed è stato senza dubbio questo che ha contribuito a farne uno dei maggiori drammaturghi contemporanei che non ha mai lasciato indietro l’impegno sociale e politico diventato pubblico negli anni del governo Thacher.

Aveva scritto tra l’altro Il compleanno (1958) Il calapranzi (1960), Il Guardiano (1960). Pur concedendosi lunghe parentesi in radio, si era dedicato al cinema scrivendo nel 1976 la sceneggiatura di Ultimi fuochi di Elia Kazan e, nel 1981, della Donna del tenente francese di Karel Reisz con Jeremy Irons e Meryl Streep, poi candidato all’Oscar. Dalle sue opere furono tratti i film Festa di compleanno (1968), Ritorno a casa (1973), Tradimenti (1983). Sul grande schermo una delle ultime apparizioni è nel film di John Boorman Il sarto di Panama (2001) accanto a Peirce Brosnan e in Sleuth – Gli insospettabili (2007) di Kenneth Branagh.

(La Repubblica, 25 dicembre 2008)

British playwright Pinter dead at 78: wife, agent

The Age, December 26, 2008 – 1:42AM

British playwright and Nobel laureate Harold Pinter has died aged 78, his wife Lady Antonia Fraser and his agent said Thursday.

Pinter, who won the Nobel Prize for Literature in 2005, had been suffering from cancer. Fraser told the Guardian newspaper: «He was a great, and it was a privilege to live with him for over 33 years. He will never be forgotten.»

In an email to AFP, Pinter’s agent Judy Daish said that Pinter died of cancer Wednesday and that a small private funeral and memorial service would be held at a date to be announced.

Pinter ‘s plays included «The Birthday Party», «The Dumb Waiter» and «The Homecoming». They often featured the slang language of his native east London as well as his trademark menacing pauses.

He was also a vigorous campaigner against the Iraq war.

Pinter said he had stopped writing plays in 2005 and focused on poetry, alongside forays into acting and screenwriting.

Following treatment for cancer of the oesophagus diagnosed in 2002, he returned to the stage, winning rave reviews for his performance of Beckett’s monologue, «Krapp’s Last Tape», in London in 2006.

Leading figures from the arts world in Britain rushed to pay tribute to Pinter.

The creative director of the BBC Alan Yentob told the broadcaster: «He was a unique figure in British theatre. He has dominated the theatre scene since the 1950s.»

Theatre critic Tim Walker, who writes for the Sunday Telegraph newspaper, added: «This was a man who had plays with long silences, where characters did not always go anywhere — very much like real life.

«He brought a realism to the business.»

In its citation for the Nobel Prize, the academy said Pinter was «generally seen as the foremost representative of British drama in the second half of the 20th century».

It added that he was an author «who in his plays uncovers the precipice under everyday prattle and forces entry into oppression’s closed rooms».

Copyright © 2008. The Age Company Ltd. Australia

Πέθανε ο Χάρολντ Πίντερ

Πθανε ο Χάρολντ Πίντερ

Πέθανε σε ηλικία 78 ετών ο βρετανός θεατρικός συγγραφέας Χάρολντ Πίντερ, ο οποίος είχε τιμηθεί με το Νόμπελ Λογοτεχνίας το 2005, όπως ανακοίνωσε η σύζυγός του Αντόνια Φρέιζερ. Ο σπουδαίος θεατράνθρωπος έπασχε εδώ και πολλά χρόνια από καρκίνο στο συκώτι. Ο Πίντερ έγραψε πάνω από 30 θεατρικά έργα, τα οποία γνώρισαν τεράστια επιτυχία όπως το «Πάρτι Γενεθλίων», «Το βουβό γκαρσόνι», «Ο επιστάτης», «Η επιστροφή» κ.α.

Επίσης ο Πίντερ έγραψε σενάρια για τον κινηματογράφο («Ο υπηρέτης», «Επιχείρηση Κουίλερ», «Η ερωμένη του Γάλλου υπολοχαγού» κ.α), ενώ εμφανίστηκε και σε διάφορα έργα ως ηθοποιός. Σε ηλικία 75 ετών τιμήθηκε από τη Σουηδική Ακαδημία με το βραβείο Νόμπελ Λογοτεχνίας 2005. Την ίδια χρονία ανακοίνωσε πως αποσύρεται από τη συγγραφή θεατρικών έργων για να αφοσιωθεί στην πολιτική εκστρατεία.

  • Βιογραφικό

Ο Χάρολντ Πίντερ γεννήθηκε στις 10 Οκτωβρίου 1930 στη φτωχική συνοικία του Λονδίνου Χάκνεϊ, όπου πέρασε τα παιδικά του χρόνια. Παρακολούθησε θεατρικές σπουδές και το 1950 δημοσιεύει τα πρώτα του ποιήματα. Την ίδια χρονιά προσλαμβάνεται από το ραδιόφωνο του BBC ως ηθοποιός και στη συνέχεια παίρνει μέρος σε θεατρικές παραστάσεις στο Λονδίνο, όπου αρχίζει να χρησιμοποιεί το καλλιτεχνικό όνομα Ντέιβιντ Μπάρον. Το 1957 γράφει το πρώτο του θεατρικό έργο, «Το δωμάτιο», που σημειώνει επιτυχία, αντίθετα με το «Πάρτι γενεθλίων», που ανεβαίνει το 1958 κι αντιμετωπίζεται αρνητικά από την κριτική, με αποτέλεσμα να κατεβεί στο τέλος της πρώτης εβδομάδας.

Η δράση του Πίντερ δεν περιοριζόταν όμως μόνο στη συγγραφή και τη θεατρική σκηνοθεσία. Ήταν επίσης ένας πολύ σημαντικός πολιτικός ακτιβιστής, ο οποίος παρενέβαινε συστηματικά και ριζοσπαστικά στα πολιτικά δρώμενα. Τη δεκαετία του ’80 ασκούσε κριτική στον αμερικανό πρόεδρο Ρόναλντ Ρίγκαν και στη σύγχρονή του βρετανίδα πρωθυπουργό Μάργκαρετ Θάτσερ, ενώ πιο πρόσφατα είχε στρέψει το θυμό του κατά της δέσμευσης του ΟΗΕ στο Κόσοβο (1999), την αμερικανική εισβολή στο Αφγανιστάν (2001) και τον πόλεμο στο Ιράκ (2003), συγκρίνοντας τον Τόνι Μπλερ με «έναν ανόητο γεμάτο ψευδαισθήσεις» και χαρακτηρίζοντας τον Τζορτζ Μπους «εγκληματία πολέμου».

Σε βίντεο που μεταδόθηκε κατά την τελετή απονομής του βραβείου Νόμπελ Λογοτεχνίας με το οποίο τιμήθηκε το 2005, από την οποία ο ίδιος απουσίαζε λόγω υγείας, ο βρετανός θεατρικός συγγραφέας ζητούσε να οδηγηθούν οι Μπους και Μπλερ ενώπιον του Διεθνούς Ποινικού Δικαστηρίου επειδή ξεκίνησαν τον πόλεμο στο Ιράκ.

e-tipos.com, Πέμπτη, 25.12.08

Σε ηλικία 78 ετών πέθανε ο νομπελίστας Χάρολντ Πίντερ

TA NEA: Πέμπτη 25 Δεκεμβρίου 2008, Τελευταία ενημέρωση: 26/12/2008 15:05, Web-Only
Ο τιμημνος με Νόμπελ θεατρικός συγγραφας, Χάρολντ Πίντερ

Σε ηλικία 78 ετών «έφυγε» από τη ζωή ο Βρετανός θεατρικός συγγραφέας, Χάρολντ Πίντερ, μετά από μακροχρόνια μάχη με τον καρκίνο.

Σύμφωνα με τη σύζυγό του, Αντόνια Φρέιζερ, ο Βρετανός θεατρικός συγγραφέας, ο οποίος είχε τιμηθεί με το Νόμπελ Λογοτεχνίας το 2005, ο Πίντερ άφησε την τελευταία του πνοή την Τετάρτη.

«’Ηταν προνόμιο να ζήσω μαζί του για πάνω από 33 χρόνια. Δεν θα τον ξεχάσω ποτέ», δήλωσε η συζυγός του.

Ο Χάρολντ Πρίντερ έχει χαρακτηριστεί ως ο συγγραφέας με τη μεγαλύτερη επιρροή στη Βρετανία.

Το πρώτο του έργο Το Δωμάτιο, πρωτοπαρουσιάστηκε από φοιτητές του Πανεπιστημίου του Μπρίστολ το 1957.

Το πλέον γνωστό έργο του Χάρολντ Πίντερ είναι το Πάρτι Γενεθλίων, ενώ άλλα έργα που τον χαρακτήρισαν ως θεατρικό συγγραφέα είναι το The Homecoming, The Caretaker και άλλα.

Ο Βρετανός συγγραφέας το 2005 ανακοίνωσε ότι αποσύρεται από τη συγγραφή θεατρικών έργων, για να αφοσιωθεί στην πολιτική εκστρατεία.

Πέθανε ο Χάρολντ Πίντερ

Ο 78χρονος Βρετανός συγγραφέας είχε τιμηθεί το 2005 με το Νόμπελ Λογοτεχνίας.

Πέθανε σε ηλικία 78 ετών ο Βρετανός θεατρικός συγγραφέας Χάρολντ Πίντερ, ο οποίος είχε τιμηθεί με το Νόμπελ Λογοτεχνίας το 2005, ανακοίνωσε σήμερα η σύζυγός του Αντόνια Φρέιζερ στην ιστοσελίδα της βρετανικής εφημερίδας Guardian.

Ο Πίντερ, ο οποίος υπέφερε από καρκίνο, πέθανε χθες, Τετάρτη, το βράδυ, διευκρίνισε η δεύτερη σύζυγός του.

«Ήταν ένας σπουδαίος άνδρας και ήταν προνόμιο να ζω μαζί του για περισσότερα από 33 χρόνια. Θα μείνει για πάντα στη μνήμη μας», πρόσθεσε η Φρέιζερ χωρίς να διευκρινίσει περαιτέρω.

Ο Πίντερ έχει συγγράψει περισσότερα από 30 θεατρικά έργα, τα οποία κατατάσσονται από τους κριτικούς μεταξύ των καλύτερων έργων που γράφτηκαν στο δεύτερο μισό του περασμένου αιώνα.

Η συγγραφική του ιδιότητα δεν περιορίστηκε όμως μόνο στα θεατρικά έργα. Ήταν και ποιητής και είχε γράψει και σενάρια για ταινίες, πολλά εκ των οποίων ήταν προσαρμογή των έργων του για τον κινηματογράφο. Ο Βρετανός συγγραφέας είχε σκηνοθετήσει εξάλλου και πολλές θεατρικές παραστάσεις.

Η επιτροπή των Νόμπελ είχε ανακοινώσει ότι τα έργα του Πίντερ αποκαλύπτουν τους φόβους που κρύβονται πίσω από τις καθημερινές συναναστροφές και την απειλή του κοινότυπου.

Ο Πίντερ, γιος Εβραίου ράφτη, γεννήθηκε στις 10 Οκτωβρίου του 1930 στο Χάκνι, συνοικία του ανατολικού Λονδίνου και παρακολούθησε για σύντομο χρονικό διάστημα δραματική σχολή. Το 1957 έγραψε «Το Δωμάτιο», του οποίου ακολούθησε αμέσως το «Βουβό γκαρσόνι» και την επόμενη χρονιά το «Πάρτι Γενεθλίων».

Η επιτυχία τον βρήκε με τον «Επιστάτη» το 1959, το οποίο έγινε και ταινία το 1963. Μεταξύ των σημαντικών του έργων που ακολούθησαν είναι ο «Εραστής» (1962), η «Επιστροφή» (1964), οι «Παλιοί Καιροί» (1971) και η «Προδοσία» (1979).

Η δράση του Πίντερ δεν περιοριζόταν όμως μόνο στη συγγραφή και τη θεατρική σκηνοθεσία. Ήταν επίσης ένας πολύ σημαντικός πολιτικός ακτιβιστής, ο οποίος παρενέβαινε συστηματικά και ριζοσπαστικά στα πολιτικά δρώμενα.

Τη δεκαετία του ’80 ασκούσε κριτική στον Αμερικανό πρόεδρο Ρόναλντ Ρίγκαν και στη σύγχρονή του Βρετανίδα πρωθυπουργό Μάργκαρετ Θάτσερ, ενώ πιο πρόσφατα είχε στρέψει το θυμό του κατά της δέσμευσης του ΟΗΕ στο Κόσοβο (1999), την αμερικανική εισβολή στο Αφγανιστάν (2001) και τον πόλεμο στο Ιράκ (2003), συγκρίνοντας τον Τόνι Μπλερ με «έναν ανόητο γεμάτο ψευδαισθήσεις» και χαρακτηρίζοντας τον Τζορτζ Μπους «εγκληματία πολέμου».

Σε βίντεο που μεταδόθηκε κατά την τελετή απονομής του βραβείου Νόμπελ Λογοτεχνίας με το οποίο τιμήθηκε το 2005, από την οποία ο ίδιος απουσίαζε λόγω υγείας, ο Βρετανός θεατρικός συγγραφέας ζητούσε να οδηγηθούν οι Μπους και Μπλερ ενώπιον του Διεθνούς Ποινικού Δικαστηρίου επειδή ξεκίνησαν τον πόλεμο στο Ιράκ.

Οι γιατροί διέγνωσαν ότι έπασχε από καρκίνο του οισοφάγου το 2002.

http://www.kathimerini.gr με πληροφορίες από ΑΠΕ-ΜΠΕ

Harold Pinter, la mort d’un «enragé»

Par André Clavel, L’EXPRESS.fr, publié le 26/12/2008 11:46 – mis à jour le 26/12/2008 12:03

C’est un homme engagé qui s’est éteint mercredi, jour de Noël – son ultime pied de nez aux conventions. Harold Pinter était un monstre sacré du théâtre et de la littérature, mais aussi un sacré emmerdeur pour le pouvoir politique britannique. L’hommage d’André Clavel.

INA. Harold Pinter, reçu à la Comédie française, en octobre 2000.

Couronné du Nobel qu’il reçut en 2005, c’est un monstre sacré qui vient de sortir de scène, frappé par un cancer à 78 ans.

Dramaturge, auteur d’une trentaine de pièces, scénariste pour le cinéma, poète, l’éminent représentant du théâtre d’outre-Manche a connu dans son pays un succès énorme, mais il a aussi beaucoup agacé le pouvoir politique.

Surnommé «l’enragé» par les médias, Harold Pinter avait en particulier fustigé Tony Blair et George Bush – «un criminel de guerre», disait-il – à l’époque du conflit irakien. «Les Etats-Unis, écrivait-il, se fichent tout bonnement des lois internationales ou des objections critiques qu’ils considèrent comme inutiles. Ils ont aussi leur petit agneau bêlant, trottant derrière eux au bout d’une laisse, le servile et pitoyable Royaume-Uni.»

Mais l’auteur du Gardien et du Retour – à qui Dominique de Villepin avait remis la Légion d’honneur en 2006 – s’était aussi opposé à l’engagement de l’ONU au Kosovo et à l’invasion américaine de l’Afghanistan.

Fils d’un tailleur juif londonien, il se définissait comme un «homme énigmatique et invivable», lui qui avait connu à Londres l’antisémitisme et la montée du fascisme avant d’inventer – à la fin des années 1950 – un théâtre aux intrigues minimalistes où pesaient toutes sortes de menaces, à la fois intimes et métaphysiques, comme s’il avait voulu déplacer les tragédies antiques dans les décors d’une modernité de plus en plus accablée: ses sujets de prédilection, c’étaient la dislocation spirituelle des consciences, l’aliénation urbaine et sociale, les impasses de la communication, les «sous-conversations» chères à Nathalie Sarraute, la faillite du langage lorsque celui-ci se coupe de toute transcendance en se réduisant à un pur bavardage sous le masque des convenances – à la manière de Samuel Beckett, que Pinter admirait.

Avec lui, nous perdons un insoumis et, surtout, un magistral observateur des égarements humains, quand les dérives sociales se mêlent aux dérèglements du psychisme.

Hommage à Harold Pinter